En 2015, une jeune femme transgenre se présentait à l’élection de miss de sa province, la Flandre-Orientale. Céline Van Den Bossche a participé au concours de miss Flandre-Orientale en vue de pouvoir participer à l’élection de miss Belgique si elle était élue. Malheureusement, elle n’a pas pu être qualifiée.
Mais l’essentiel de cette information n’est pas le fait qu’une femme transgenre se présente à un tel concours. Le plus important est qu’elle ait eu le courage et l’audace de le faire ! En plus, elle a révélé sa transidentité avant le concours. Je ne sais pas si le règlement de ce concours impose de révéler son passé, mais, pour moi, elle n’avait pas à le faire. Elle est une femme comme toutes les autres et je pense qu’en dévoilant sa particularité, elle se handicapait vis-à-vis des autres concurrentes. En effet, la transidentité est toujours mal considérée dans la société actuelle et je pense que ça ne changera pas de sitôt lorsqu’on entend les paroles blessantes et déplacées que le chef de l’Église catholique dit à l’égard des personnes transgenres. C’est vrai qu’il détient la science infuse qui lui est rentrée par osmose !
Et cette année, voilà qu’une autre jeune femme Jessica Proost, du Hainaut cette fois, se présente à l’élection de miss de sa province. Sera-t-elle élue ? Rien n’est moins sûr ! En tout cas, elle a, tout autant que sa collègue de l’an passé, le courage et l’audace de se présenter en dévoilant sa transidentité. Je lui souhaite d’y parvenir. J’en serais très heureuse !
Vu que c’est la seconde fois que cette situation se présente dans notre petit pays, je me suis penchée sur ce problème en y étant un peu forcée vu que j’avais reçu une demande d’interview de la radio « Bel RTL ». Mes recherches dans les divers médias de presse sur le Web m’ont permis de constater que les journalistes en sont encore au stade du « phénomène de foire » ! En effet, à l’exception de deux médias qui utilisent les termes corrects et respectueux dans leur article, tous les autres en sont encore aux clichés tendant à présenter la situation comme « sensationnelle » ! Ils parlent de « femme transsexuelle », de « femme qui était un homme avant », « d’homme qui a changé de sexe » !
Eh bien non, mesdames, messieurs les journalistes ! Ces jeunes femmes ne sont pas « transsexuelles », n’ont jamais été des hommes et ne sauraient pas avoir changé de sexe vu que cela est impossible ! En voici les raisons.
Parlons d’abord du terme « transsexuel ». Ce mot a été inventé par les psychiatres au début du XXe siècle. Ils l’ont créé en faisant une confusion entre l’orientation sexuelle et l’identité de genre. C’est donc par analogie avec des termes comme « homosexuel », « bisexuel », « asexuel » que le mot « transsexuel » est apparu pour désigner les personnes dont l’identité de genre ne correspond pas à leur genre biologique. Par conséquent, en se basant sur l’analogie avec les termes cités avant, le terme « transsexuel » signifie : « qui aime les trans » ! Cela ne veut vraiment rien dire ! Je garde, pour moi, ce que je pense au sujet des personnes qui aimeraient avoir des rapports sexuels avec des personnes trans !
Si nous nous basons uniquement sur la langue française dans laquelle le préfixe « trans » signifie « à travers », « transsexuel » signifierait « à travers le sexe » ! Donc, on pourrait penser que la personne passe à travers son sexe pour aller vers l’autre sexe ! Oui, mais, quel autre sexe ? Malheureusement, il n’y a pas que deux sexes, mais il y en a bien une infinité et je n’invente rien. Je vous invite de lire à ce sujet l’article du CNRS paru le 02 août dernier dont voici l’adresse URL du Web :
https://lejournal.cnrs.fr/articles/combien-y-a-t-il-de-sexes
Pour parler simplement, plaçons le sexe mâle à l’extrême gauche et le sexe femelle à l’extrême droite d’une ligne sur laquelle nous faisons circuler un curseur. Chaque fois que le curseur change de position, le sexe de la personne considérée est différent de celui de la précédente. Il y a tellement d’intervenants dans la détermination du sexe d’une personne, que le CIO a supprimé les tests qu’il imposait aux athlètes qui présentaient des caractéristiques permettant de douter de leur genre !
Parlons maintenant de ces « femmes qui étaient des hommes » ! Je suis désolée de devoir vous dire que ces femmes n’ont jamais été des hommes ! Et je suis bien placée pour le dire vu que j’en fais partie de ces femmes. Je ne me suis jamais senti un homme ! J’ai été assignée « garçon », à la naissance, parce que je présentais les signes extérieurs du sexe mâle. La société qui a décidé de binariser le sexe humain ne s’est jamais posé la question de savoir ce que ressent une personne qu’elle répertorie dans le sexe mâle alors que cette personne n’en a pas le moindre ressenti profond. Cette attitude cause d’ailleurs bien des malheurs dans la vie des personnes qui naissent intersexuées et à qui elle ne donne pas l’occasion de se déterminer dans le genre qu’elle ressent. Les médecins qui charcutent ces bébés et les parents qui les laissent faire devraient être condamnés à la prison à vie ! C’est une atteinte aux droits de ces personnes. Alors, arrêtez de parler de « femmes qui étaient des hommes » ! Elles ont toujours été des femmes, mais la société ne l’a jamais reconnu !
Enfin, parlons du changement de sexe. Le sexe d’une personne est déterminé par plusieurs choses visibles et invisibles.
Il y a d’abord ce que l’on voit lorsqu’un être humain naît : il a un pénis, c’est un homme, il a une vulve, c’est une femme !
Il y a ensuite les gonades : il a des testicules, c’est un homme, il a des ovaires, c’est une femme.
Ces situations sont modifiables par la chirurgie quoiqu’il n’ait pas encore été possible de greffer des ovaires à un sujet n’en possédant pas !
Dans ce qui est invisible, il y a les hormones. Le corps qui produit des androgènes est de sexe mâle et le corps qui produit des œstrogènes est de sexe femelle. Cela aussi la médecine peut le modifier ! Et la nature, elle-même, s’autorise parfois la fantaisie de modifier cela. Il suffit de voir l’évolution d’un être de sexe mâle qui est atteint du syndrome d’insensibilité aux androgènes ou d’un être de sexe femelle qui est atteint du syndrome d’hyperplasie congénitale des surrénales. Ce n’est pas courant, mais cela existe !
Les choses se corsent avec le dernier élément qui détermine le sexe de la personne. Il s’agit de l’ADN ! Les mâles ont une paire de chromosomes XY et les femelles en ont une paire XX. Qu’en est-il alors des personnes ayant un ADN où l’on trouve des chromosomes du genre XXY, XYX, XXXY XYXX ? Et cela ne peut pas être modifié ! Il est donc impossible de changer de sexe ou de passer à travers son sexe !
Enfin, à l’heure actuelle, il y a aussi des interférences environnementales dues à des produits chimiques perturbateurs endocriniens, à des médicaments pris pendant la grossesse, etc.
Voilà pourquoi, mesdames et messieurs les journalistes, il n’y a pas de femmes transsexuelles, pas de femmes qui étaient des hommes et pas d’hommes qui ont changé de sexe. Mais il y a bien des personnes transgenres et si elles le sont c’est parce que la société ne leur reconnaît pas le droit d’être ce qu’elles ressentent être au plus profond de leur intimité. Si chacun se mêlait de ses affaires et ne tentait pas d’imposer aux autres ce qu’il voudrait que ces autres soient, les personnes transgenres n’existeraient pas ! Je sais, c’est une utopie et cela n’a même pas été écrit par Aldous Huxley dans le « Meilleur des mondes » qui est pourtant très visionnaire sur la société actuelle !
Lola Nicolas
Responsable du groupe Trans MAEC
Vous trouverez ci-dessous quelques articles écrits sur le sujet des femmes transgenres candidates au titre de miss !
http://www.moustique.be/13102/election-de-miss-belgique-premiere-transgenre
http://www.lavenir.net/cnt/dmf20160709_00851928/jessica-une-candidate-transsexuelle-a-miss-hainaut
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