La Belgique impose 12 mois d’abstinence sexuelle pour les gais qui veulent donner leur sang

Maggie De Block, la Ministre de la Santé, a échoué. Il y a à peine un peu plus d’un an, elle promettait publiquement une révision audacieuse des critères d’exclusion du don de sang. Aujourd’hui, le résultat est connu. Pas d’audace, pas d’avancée, mais bien un sommet d’hypocrisie. Les gais resteront frappés par cette interdiction infâmante à moins que durant toute l’année qui précède ils renoncent à tout contact sexuel.

Ce 20 juillet, la Chambre des représentants a adopté en urgence une loi portant des dispositions diverses en matière de santé publique. Une loi fourre tout où se côtoient des mesures concernant les hôpitaux, l’art dentaire, des modifications de lois antérieures etc. S’y cache aussi, de manière un peu honteuse, un chapitre consacré au don de sang. C’est donc très discrètement qu’en Belgique on vient de modifier les critères d’exclusion du don de sang par les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. Les homosexuels masculins étaient interdits de donner leur sang depuis 1985, à la suite de l’apparition du VIH, responsable du SIDA. Désormais, ils pourront le faire … pour autant qu’ils se soient abstenus de toute relation sexuelle durant 12 mois !

Laurette Onkelinx avant elle s’était déjà cassé les dents. Maggie De Block se devait par contre d’aboutir à une réforme depuis que la Cour de Justice de l’Union européenne avait formulé des conditions strictes à la limitation d’une liberté fondamentale. La première d’entre elle, c’est qu’il fallait justifier dans une loi une différence de traitement vis-à-vis d’un critère protégé par la Charte des droits fondamentaux. C’est donc chose faite avec l’adoption de ce texte. Rétrospectivement, la Belgique a donc des années durant, en l’absence de justification légale, pratiqué la discrimination vis-à-vis des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. Le deuxième critère était celui de la proportionnalité. L’exclusion à vie n’était pas justifiée selon la Cour. Et il fallait aussi examiner si d’autres modalités que l’exclusion ne permettaient pas de rencontrer l’objectif de sécurité de la chaine transfusionnelle.

Autant dire que la loi adoptée hier assure un service minimum pour mettre la Belgique à l’abri du regard scrutateur de la Cour de Justice de l’UE. Pas de tentative d’améliorer le questionnaire pré-don pour éviter de stigmatiser tout un groupe plutôt que les réels comportements à risque, pas de différenciation de la période d’exclusion en fonction du produit sanguin (comme par exemple en France où le don de plasma est autorisé), pas d’intention d’usage du sang récolté à des fins scientifiques comme d’aucuns l’auraient espéré.

Arc-en-Ciel Wallonie n’a eu de cesse ces dernières années de faire des propositions constructives sur ce sujet. Nous avions suggéré de retravailler le questionnaire pré-don. Nous avions recommandé de définir ce qu’était un contact sexuel, comme au Royaume-Uni où ne sont visées que les pénétrations anales et orales. Nous avions interrogé sur la possibilité de délais d’exclusion plus courts, vu la fiabilité des tests de détection. Une période d’écartement de 4 mois, ou maximum de 6 mois plutôt que d’un an nous parait tout-à-fait défendable.

Si le gouvernement compte sur la complicité des associations LGBT pour faire passer le message d’un bon respect de ces nouveaux principes par la population gaie, ce sera sans nous.

Thierry Delaval – Arc-en-Ciel Wallonie


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