Jean-Daniel, animateur
« Je réalise des animations dans les écoles. Au début, les élèves sont timides, n’osent pas poser de questions sur l’homosexualité. Après avoir expliqué et défini le vocabulaire avec eux, les élèves commencent à se sentir à l’aise et à comprendre un peu mieux l’homosexualité.
Et j’ai vu aussi que les élèves ont peur de dévoiler leur propre homosexualité à leurs camarades, car ils ont peur de la discrimination qu’ils peuvent rencontrer ensuite ou du rejet par les autres élèves. »
Lola et moi…
« Face à une vingtaine d’ados les yeux fixés sur Lola, je semble trans-parente tellement elle dégage du charisme et du rayonnement dans cette identité qu’elle assume malgré tous les tours que lui a joué la nature en la dotant d’un corps qui n’était pas le sien. C’est la deuxième fois que j’anime une rencontre avec des élèves d’une école de la province du Luxembourg sur le thème de l’homosexualité.
Heureusement il y a Lola qui est aujourd’hui une femme et qui m’accompagne pour témoigner de la question des trans-identitaires ; moi je suis lesbienne mais comme me le feront remarquer les élèves : ‘ça se voit pas’. »
Pourquoi des animations scolaires ?
« Cette expérience est déterminante pour moi. J’ai toujours cru qu’il n’était pas nécessaire de faire venir des personnes dans une animation pour témoigner d’un vécu. Il me paraissait même mieux de ne pas attiser les curiosités parfois malsaines des jeunes sur un sujet. Mais là, je dois dire que le regard tendre, curieux et respectueux de ces jeunes sur Lola m’a non seulement touché mais en plus m’a montré que la rencontre sans tabou peut permettre d’humaniser notre perception et faire vraiment avancer les mentalités vers toujours plus d’acceptation, de compréhension et de respect de nos différences.
Ils ont posé des questions tellement intimes et avec tellement de délicatesse, j’étais réellement touchée par ce moment privilégié et rare de vrai partage.
C’est ça, créer un contexte dans lequel chacun peut venir, être ce qu’il est.
C’est ça tenter, par notre témoignage, de casser les frontières morales entre le ‘normal’ et le ‘pas normal’, le ‘c’est bizarre’ et le : ‘mais quand même madame, on est fait pour être hétérosexuel’.
C’est donc par ces rencontres et en les multipliant que nous pourrons faire exister sans discrimination et sans jugement ces 10% de la population mondial de trans, bi, gays et lesbiennes.
C’est important pour nous mais aussi pour le reste des humains qui sont la majorité, de se regarder mutuellement avec ce regard que l’on porte sur ce qui est notre semblable, notre alter-ego à savoir l’être humain. »
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