Les policiers formés à l’accueil des personnes transgenres

Les policiers formés à l’accueil des personnes transgenres

Seuls 4% des victimes d’agressions transphobes osent déposer plainte. La police veut changer la situation et former son personnel.

La presse nationale de ce 19 novembre 2014 nous informe que les aspirants policiers vont recevoir une formation pour l’accueil des personnes transgenres. Jusqu’ici peu évoquée lors des cours dispensés aux futurs agents, la question de l’accueil des personnes transgenres fera l’objet d’une communication dans toutes les écoles de police.

Retrouvez ci-dessous l’article du Soir de Ludivine Ponciau
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La police met fin au tabou des transgenres

Sur sa carte d’identité, c’est bien un homme. Mais tout, dans son apparence, son attitude ou ses choix vestimentaires, indique que c’est une femme. Une situation délicate à laquelle peut un jour être confronté tout agent de police. «  Le personnel ne sait pas toujours comment s’y prendre lorsqu’il doit entendre une personne transgenre ou procéder à une fouille corporelle. Ce qui peut mener à des situations gênantes pour l’agent, qui n’est pas certain de savoir quelle case il doit cocher dans son rapport, masculin ou féminin, mais aussi pour la personne transgenre qui se sent obligée de faire son coming out devant l’agent », expliquent Max Nisol de L’ASBL Genres Pluriels, Teresa Oger, responsable du service Diversité de la police fédérale et Eva Abella Martin, juriste à l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes.

Sur 100 contrôles d’identité, de 1 à 5 personnes sont susceptibles d’être transgenres et seulement 4 % des victimes d’actes transphobes osent se rendre dans un commissariat pour déposer plainte. Par peur d’être mal reçus mais aussi de devoir évoquer ouvertement la complexité de son identité sexuelle. En effet, le nom que donne la personne transgenre en se présentant est souvent différent de celui qui figure sur ses papiers d’identité puisque 10 % des transgenres seulement réalisent un changement de sexe (ils seraient un millier en Belgique, deux tiers des changements concernent des femmes trans). Or, le suivi psychiatrique, la stérilisation définitive et la chirurgie générale, soit l’aboutissement du processus médical, sont exigés pour obtenir un changement de sexe auprès de l’état civil. «  Après cela, la personne doit encore se présenter devant l’officier de l’état civil et déclarer sa conviction intime, constante et irréversible d’appartenir au sexe opposé. Bien sûr, tout cela doit être attesté par le psychiatre et le chirurgien », explique la juriste de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes. Une procédure assez pesante, donc, qui en décourage plus d’un.

Aspirants formés

Pour mettre fin à cette situation ambiguë et inciter les agents à oser poser en toute franchise la question de l’identité sexuelle, la police fédérale et ses partenaires lancent une campagne intitulée « Pas sûre ? Demandez-le avec respect ». Dans les prochains jours, des brochures destinées à la fois au personnel de police et aux visiteurs vont être livrées dans les commissariats. 40.000 exemplaires supplémentaires vont également être distribués par 44 associations LGBT du pays.

Jusqu’ici peu évoquée lors des cours dispensées aux aspirants de police, la question de l’accueil des transgenres fera à l’avenir l’objet d’une communication dans toutes les écoles de police. «  Nous informerons les chargés de cours afin qu’ils intègrent la question dans leur programme. L’idée n’est pas de donner un cours spécifique mais bien de faire de cette thématique un fil rouge durant toute la formation, par exemple, lors d’un cours sur la fouille  », illustre Teresa Oger. Il sera également rappelé au personnel de police qu’ils peuvent se fier au « gender pass » que la personne transgenre lui présente plutôt qu’à la carte d’identité. Il s’agit d’un document sur lequel figure son identité telle qu’indiquée dans le registre de l’état civil mais aussi la préférence de la personne quant à la manière dont elle souhaite être abordée. Comme un homme ou comme une femme.

L’annonce du lancement de l’opération au sein de la police fédérale coïncide avec le T-DoR, le Transgenre Day of Remembrance, qui célèbre ce 20 novembre le souvenir des personnes assassinées par des transphobes ainsi que le coup d’envoi du festival Genres Pluriels, ce 15 novembre à Bruxelles.


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