En tant que défenseurs de l’humanité, les super-héros se doivent de la défendre dans son entièreté. Ils défendent donc logiquement notre communauté comme n’importe quelle minorité dans leurs univers respectifs. Mais cela n’a pas toujours été le cas. En effet, les dessinateurs des super-héros subissant souvent une pression sociale ont dû attendre une certaine libéralisation de la société pour afficher des personnages ouvertement LGBT.
Vu la richesse du sujet, nous nous concentrerons essentiellement sur les comics d’origine américaine (Marvel, DC Comics).
Alors accrochez votre cape, enfilez vos collants et envolez vous avec nous pour un petit tour d’horizon !
Tout d’abord, il convient de préciser que lors des premières parutions des bandes dessinées de ce genre, aucune mention n’était faite quant à l’orientation sexuelle des super-héros. Ou plus précisément aucune mention à une diversité sexuelle n’apparaissait. En effet, même si certains affichaient une relation amoureuse, elle était toujours de type hétérosexuelle.
Les raisons étaient simples. Pour la société de l’époque, le public cible étant un public jeune, il était inconcevable d’attirer le regard des jeunes sur ce qui était encore considéré comme une déviance. Il fallait ‘protéger la jeunesse de ce fléau’. Ensuite, les parents n’auraient pas admis que leurs enfants lisent ce genre de littérature. Enfin, n’oublions pas que la publication de ce genre de magazine est essentiellement commerciale, le produit devait donc être viable.
Quelques exceptions vont cependant apparaître ça et là, dans des éditions plus discrètes, nommons par exemple Madame Fatal qui est un homme s’habillant en femme pour combattre le crime et dont on peut suivre les aventures entre 1940 et 1942 chez Quality Comics. En 1954, on découvre Batman et Robin dans le même lit ou encore côte à côte légèrement vêtu d’une serviette.
Dans le même temps, deux événements distincts vont venir sonner le glas de ces sorties hors-normes. La publication d’un livre nommé « Seduction of the innocent » et la création du code anti-gay. Le livre écrit par un expert psychiatre de l’époque, Frédéric Wertham, dépeint certains personnages et notamment le couple Batman-Robin comme homo-érotique et poussant les jeunes à assumer leur homosexualité. Il s’attaquera aussi à Wonder Women qui en tant qu’Amazone aussi puissante qu’un homme bouleverse les codes sociaux de l’époque de par son côté indépendant, loin du rôle attribué à la femme. Cette attitude sous entendrait son homosexualité.
Le code anti-gay va s’appuyer sur ces risques pour la jeunesse et pour la bonne société pour créer le « Comic Code authority » qui interdit jusqu’à la suggestion d’une orientation sexuelle différente. Les éditeurs n’ont alors que deux choix: soit rentrer dans le rang, soit ne plus être publiés sur les grands réseaux. Certains vont faire le choix de passer dans la clandestinité. Dans les décennies suivantes (surtout à la fin des années 60) on verra apparaître des publications féministes, multiraciales ou homosexuelles.
Dans les années 80, les comics gays vont jouer un rôle dans la lutte contre l’épidémie du VIH-SIDA en sensibilisant leurs lecteurs au « safe-sex ». Dans le même temps, un collectif d’auteurs publiera un recueil destiné à lutter contre les décrets et propos homophobes du gouvernement britannique. C’est également à cette époque que les comics des grandes chaines d’édition commencent à reparler de l’homosexualité.
Dans un premier temps, elle reste stigmatisée, devenant un trait de caractère déviant chez certains méchants, comme par exemple ce groupe d’homme essayant de violer Hugue Banner (plus connu sous le nom de Hulk) dans des douches collectives. Cela reste très négatif mais des initiatives de ce genre, même discutables, ont le mérite de sortir les LGBT de la clandestinité. En redonnant une visibilité réelle à la communauté, elles vont permettre une révision du fameux code qui interdisait l’allusion à une orientation sexuelle différente.
Les années 90 vont être le signe d’un grand changement dans la perception des LGBT dans les comics. En 1989, le « Comic Code Authority » remet à jour ses normes et autorise que les groupes sociaux tels que la communauté homosexuelle soit abordée de façon positive, et à ce que les références discriminatoires et péjoratives soient abolies à moins d’être utilisées à des fins dramaturgiques. C’est ainsi que le thème de l’homosexualité va être abordé de deux manières différentes, soit en servant de cause à défendre pour le héros (lutte contre le gay bashing), soit en mettant sur le devant de la scène un personnage homosexuel sans aucune ambiguïté.
Ce thème du gay bashing est aussi abordé des années plus tard dans Green Lantern lorsque le personnage de Terry Berg, qui lui a fait son coming out, est violemment agressé dans les épisodes 154 et 155 intitulés Hate Crime. Battu à mort, il va tomber dans le coma et cet événement va sérieusement remettre en question le héros sur son rôle de protecteur de l’humanité. Cette histoire fut récompensée en son temps de deux GLAAD Awards. Elle fait ouvertement référence à la mise à mort de Matthew Shepard, un étudiant sauvagement battu à mort par deux autres étudiants de son âge en 1998 parce qu’il était homosexuel.
Dans le second cas, l’année 1992 marque véritablement un changement dans l’approche des personnages gays avec l’apparition du premier super héros homosexuel dans le Marvel Universe: Northstar, qui fait son coming out dans Alpha Flight. Ce personnage au caractère carré, loin des stéréotypes efféminés, fera partie de l’équipe des X-Men durant de nombreuses années. Son coming-out suscitera de nombreux débats chez les fans, mais malgré quelques protestations, jamais les auteurs ne changeront d’optique.
En ce qui concerne les filles c’est un peu plus tard encore que Bat Woman sera le premier personnage a affirmé ouvertement son homosexualité. D’autres filles comme Cat Woman ou Super Girl auront eu des aventures homos ou seront catégorisées comme bisexuelles. Cependant, la première qui sera ouvertement lesbienne et dont les intrigues tourneront autour de ses histoires d’amour est bien le pendant féminin du Dark Knight. Il est d’ailleurs amusant de noter que dans l’univers de Gotham City, un très grand nombre de héros assume une sexualité non-normée.
Du côté des transidentitaires, on retrouve assez peu de super héros. On peut néanmoins noter Danny Larue, un homme transidentitaire qui est un personnage plus secondaire et qui possède la particularité d’être un homme qui se transforme en UNE rue. Mais depuis quelques années, à nouveau dans le monde de Batman, on découvre le personnage d’Alysia Yeoh. Proche de Batwoman, elle a fait son coming-out et son auteur affirme qu’elle ne sera pas la dernière héroïne de ce genre.
Avec les années, les références se font de plus en plus nombreuses dans les comics. On voit maintenant apparaître des personnages LGBT dans les séries tirées des bandes dessinées comme Mister Terrific dans Arrow. Et un des réalisateurs en charge du prochain Marvel a laissé sous-entendre dans une interview que l’on retrouverait un personnage gay (à comprendre au sein anglophone donc gay ou lesbien) dans le prochain volet des aventures des Avengers.
Voilà, c’est tout pour ce rapide tour d’horizon. J’espère que cette présentation vous aura donner envie de découvrir les aventures de tous ces super-héros. Mais si vous voulez en savoir plus sur les différents personnages cités ici ou sur encore bien d’autres dont je n’ai pu parler, voici quelques liens vers des blogs extrêmement bien documentés. Ce sont également ces sites qui m’ont servi de sources pour cet article.
Christophe
http://www.comicsblog.fr/8529-lhomosexualite_dans_les_comics
https://www.dcplanet.fr/178190-top-10-selon-15-meilleurs-persos-lgbt
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