Xavier Dolan est un réalisateur canadien dont chacun des films est primé dans les plus grands festivals de cinéma. La place de la communauté LGBT dans ses films est centrale et souvent très loin du côté inavoué et honteux.
Depuis maintenant dix ans, Xavier Dolan occupe une place importante dans le cinéma communautaire. Depuis « J’ai tué ma mère » sorti en 2009, il nous présente en moyenne un film par an. Au-delà de ce côté prolifique, ce qui marque chez lui c’est sa capacité à présenter des personnages homosexuels sans que ceux-ci ne tombent dans le drame. Pour ces personnages, l’orientation est une évidence, quelque chose qui coule de source et qui pourrait bien être un facteur indirect d’intégration.
L’homosexualité devient une donnée du personnage, une facette de ce qu’il est, et non pas son seul trait déterminant. Dans son rapport à la société, dans le cinéma de Dolan, c’est la société qui intègre ce trait de caractère et non pas la lutte du personnage pour se faire intégrer. Par exemple dans « Tom à la ferme » où le réalisateur explore les relations troubles et la fascination face à un être brutal plutôt que l’orientation sexuelle du héros qui n’est finalement qu’une donnée.
Les exemples sont nombreux dans d’autres de ses films. Citons encore « Les amours imaginaires » où l’un des héros joue le séducteur avec les deux autres héros du film, un garçon et une fille de son âge. Dans ce film, l’accent est mis sur le sentiment amoureux et non sur le genre des protagonistes.
Dans le même ordre d’idées, Xavier Dolan refuse l’étiquette de cinéaste gay. Refusant de catégoriser son œuvre, il a notamment exprimé son antipathie pour les prix de cinéma gay, y compris la Queer Palm qui lui a été décernée en 2012 à Cannes pour « Laurence Anyways »: « Que de tels prix existent me dégoûte. Quel progrès y a-t-il à décerner des récompenses aussi ghettoïsantes, aussi ostracisantes, qui clament que les films tournés par des gays sont des films gays ? On divise avec ces catégories. On fragmente le monde en petites communautés étanches. La Queer Palm, je ne suis pas allé la chercher. Ils veulent toujours me la remettre. Jamais ! L’homosexualité, il peut y en avoir dans mes films comme il peut ne pas y en avoir».
Comme nous pouvons le voir, le militantisme de Xavier Dolan n’est pas communautariste. Il revendique une intégration, une certaine banalisation. Ce qui est finalement en soi une conception plus inclusive de notre société. Refuser les clivages, les cases, c’est permettre à chacun d’être plus libre.
En cela, tout en refusant d’être amalgamé à une communauté mais en reconnaissant en faire partie sans en faire son fond de commerce.
Xavier Dolan est bien un cinéaste militant, militant simplement pour une société plus juste pour tous.
Christophe
C’est Dolan pas Nolan